Néobanque : finalement, c’est quoi ?

Sur le marché ultra compétitif du secteur bancaire, il est logique de voir apparaître de nouveaux acteurs. Ces derniers ? Les néobanques. Ce sont des banques récentes, qui s’appuient souvent sur les dernières technologies pour offrir des services identiques que les banques classiques. Sauf que ces services sont gratuits, et que les prêts sont beaucoup plus intéressants… Forcément, il n’y a pas de structure et de réseaux à entretenir, ce qui représente beaucoup moins de charges à répercuter au client final : nous. Cet article fait le focus sur ces néobanques, ce qu’elles sont, ce qu’elles proposent et si, au final, elles sont aussi intéressantes qu’on le pense.

Petite définition de la néobanque

La néobanque est une banque digitale, très souvent 100% mobile et qui propose au client des produits :

  • basiques
  • gratuits
  • et une expérience fluide
La néobanque, à l’opposé des grands centres financiers

Le concept de néobanque se confond souvent avec celui de banque en ligne. Il est vrai que les banques en ligne sont une autre facette du secteur bancaire, avec des acteurs bien connus, tels que Boursorama et Fortuneo. Ces dernières sont également disponibles en 100% mobile.

En France, les néobanques les plus connues sont Orange Bank (lancée en novembre 2017) et Morning (lancée par la Banque Edel en 2018). Mais il en existe bien d’autres comme Atom Bank, Revolut, la fin tech allemande N26.

Il est important de savoir que toutes les néobanques ne possèdent pas de licence bancaire. Cela signifie qu’elles ne sont pas toutes agréées par l’Etat. On peut ainsi dire qu’un certain flou les entoure. Cependant, elles proposent toutes une offre bancaire numérique, en tant qu’établissement de paiement.

De ce fait, la plupart des néobanques ne disposent que d’un catalogue réduit de produits. Leur offre se résume pour l’essentiel à un compte bancaire, une carte et une appli pour interagir avec la banque et le support client. Impossible de trouver une agence ou une aide physique si vous avez besoin d’un renseignement.

C’est ce qui fait leur atout. Elles sont faciles à utiliser et elles mettent en avant l’expérience utilisateur et des services rapides.

Par contre, il faudra faire une croix sur le PEA, les livrets d’épargne, les assurances de toutes sortes, etc. Même si certaines néobanques commencent à proposer des formules de ce type. PAr exemple, le livret rémunéré Orange de Orange Bank.

La néobanque, une banque nouvelle, vraiment ?

Nous le voyons, les néobanques sont de plus en plus nombreuses sur le marché. Et pourtant, derrière ce nom se cachent parfois des institutions beaucoup plus anciennes, et parfois pas nécessairement issues du monde bancaire…

Lorsqu’on entend le terme ‘néobanque’, on fait vite le rapprochement entre les deux parties du mot… néo- qui signifie nouveau et banque. De fait, la majeure partie du grand public est en droit d’estimer qu’une néobanque est une banque nouvelle, ou une nouvelle forme de banque. C’est d’ailleurs vrai dans deux cas !

Tout d’abord, contrairement aux banques en ligne, les néobanques ne sont pas nécessairement des filiales de grands groupes bancaires traditionnels. Le marché des banques en ligne est souvent dualisé, avec d’une part l’offre traditionnelle des grands groupes, et d’autre part l’offre plus contemporaine de petites structures, souvent rattachées à un groupe traditionnel. C’est, par exemple, le cas de Hello Bank et de BNP Paribas, la première étant une création de la seconde.

Ensuite, il existe bel et bien des néobanques créées à partir de rien et qui sont le fruit de particuliers qui se sont lancés dans l’aventure. Nous pouvons citer les banques Morning et Revolut en exemple, ou encore N26 qui est une start up technologique.

Par contre, de nombreuses néobanques sont issues de grosses sociétés (du CAC 40) et n’ont de neuf que l’investissement de leur groupe  dans un nouveau secteur d’activité. Par exemple, C-Zam est la création de l’enseigne Carrefour, un des leaders de la grande distribution.  Orange Bank appartient au groupe Orange, dont nous parlions plus haut dans l’article.

La néobanque ne porte donc pas toujours aussi bien son nom… Enfin, il est probable que si l’engouement du public se poursuit dans cette voie, les institutions financières passeront elles aussi à l’assaut en proposant une nouvelle offre dans leur gamme de produit. Ou elles rachèteront tout simplement une entreprise du secteur déjà existante.

Le secteur bancaire a une place déterminante dans l’économie mondiale et dans la vie des gens.

Avantages et inconvénients de la néobanque

Les néobanques, en tant qu’offre nouvelle, ont quelque chose en plus que les banques traditionnelles. Ce qui fait souvent mouche auprès d’un public plus jeune, plus connecté et plus intéressé par la banque sur smartphone que la banque de papa… Cela dit, ce nouveau système n’a pas que des avantages, et montre aussi ses limites dans certaines applications. Tour d’horizon en 3 points!

La banque 100% mobile

La banque mobile accessible partout et à tout instant. C’est el crédo principal de la néobanque et c’est cet aspect qu’elle met le plus souvent en avant. L’offre entière est construite autour d’une communication numérique par le biais d’une application simple à utiliser et rapide.

Bien sûr, l’offre inclus toujours une carte de banque qui permet de faire des retraits d’argent en liquide, des paiements en magasin et des virements. Mais il s’agit là plutôt d’un vestige de la méthode actuelle qui est encore bien nécessaire dans de nombreuses situations. S’il était possible de faire sans, les néobanques ne proposeraient sans doute pas ce type d’offre, mais c’est obligatoire pour pouvoir vivre normalement et sans contrainte.

D’ailleurs les néobanques favorisent grandement les nouveaux moyens de paiement et proposent souvent à leur clients un panel de possibilités qui leur permettraient d’éviter la carte bancaire.  Cela n’est pas sans rappeler la Suède qui redouble d’effort pour passer au cashless (pas de liquide) avec une monnaie virtuelle utilisable partout et par tout le monde, voici un article qui en traite. C’est ainsi qu’on retrouve

  • des offres de paiement par sms
  • des cagnottes en ligne
  • une limite des dépenses
  • des paiements dans différentes devises sans frais et partout à l’étranger (Revolut)

Un public-cible jeune

Tout le monde ne peut pas s’adapter à ce type de pratique, et c’est sans doute là le principal frein à l’essor des néobanques. Passé une certaine tranche d’âge, il devient plus difficile de s’adapter à l’évolution des techniques. De fait, les néobanques s’adressent principalement aux jeunes, aux geeks, et aux personnes qui voyagent et ont besoin d’une offre adaptée. Comme nous l’avons présenté dans le précédent paragraphe avec l’offre de change de devise sans frais…

Les étudiants en Erasmus seront tout particulièrement intéressés par ce type de produit qui permet de faire ses dépenses quotidiennes avec un budget restreint. Tout comme les étudiants en général ou les personnes ayant de petits budgets qu’il faut suivre. A cet égard, les limites de dépenses permettent de mettre des freins automatiques.

Ce public jeune est facilement conquis, car la banque vient à eux, sur leur téléphone, plutôt que de devoir se déplacer en agence. Un pas que les plus anciens auront du mal à franchir.

Sans oublier que l’offre de produits est très limitée. Un jeune n’a pas forcément besoin de produits d’épargne. On voit cette problématique se poser dans les banques traditionnelles… Comment faire pour qu’un jeune épargne ? Et surtout qu’il épargne chez nous ? C’est ainsi que sont apparues les épargnes pour le logement ou les plans d’épargne à but déterminé. Un incitant qui permet aux banques de familiariser le jeune avec des produits dont il n’a pas forcément connaissance… Contrairement à un propriétaire  qui connaît les produits d’assurance ou les cadres qui tentent de diversifier les produits dans leurs portefeuilles.

jeunes
Les jeunes, un public qui veut voyager, découvrir et vivre sans contrainte

L’offre payante

Comme nous avons déjà pu le dire, l’offre est réduite et peut satisfaire un certain public. Mais c’est sans compter les éventuels frais. A cet égard, la néobanque n’est pas moins chère qu’une banque traditionnelle, surtout si l’on compare la gamme de produits compris dans le prix. Ainsi, les néobanques proposent en général un compte avec une carte bancaire. Et c’est tout ! Pour le reste, il faudra se rendre chez un concurrent ou payer… L’offre réduite n’est pas synonyme de prix réduit !

On peut, par exemple, parler de la fintech N26. A son lancement, la plateforme allemande prônait le tout gratuit. Une offre intéressante qui a séduit de nombreuses personnes. Aujourd’hui, la start up est passée a une autre politique, celle du service payant. Ainsi, les retraits sont facturés 2 euros à partir du 6ème retrait par mois. Et chaque mois, 5,90 sont prélevés en tant que cotisation mensuelle (entendez frais de tenue de compte) afin de bénéficier de la protection classique sur les moyens de paiement et la gratuité des retraits en devise étrangère (1,7% dans le cas contraire). Cela en fait l’un des néobanques les plus chères. Compte Nickel, qui appartient à BNP Paribas, facture également les retraits 1 €, dès le premier retrait.

A titre de comparaison, on se rappellera le tollé général qu’avait fait l’annonce d’ING de faire payer les retraits à ses clients belges. Une opération que beaucoup de Français, et d’Européens en général, considèrent comme gratuite.

Comparatif des néobanques les plus performantes en France

En France, l’offre en termes de néobanques est variée. 5 d’entre elles se démarquent du lot et offrent un peu plus que la concurrence. Il s’agit de Orange Bank, C-Zam et Axa Banque ainsi que de N26 et Revolut.

Orange Bank

La néobanque fondée par le groupe Orange en 2017 équivaut la banque N26, en ce qui concerne les fonctionnalités de l’app mobile. Orange a un atout par rapport à la concurrence, elle dispose de 650 agences / boutiques qui font partie du réseau et qui permettent aux clients d’avoir un point de chute physique. On a accès à des conseils de la part de vendeurs spécialisés. Et surtout, Orange Bank peut compter un portefeuille de 29 millions de clients mobiles qui ont tous pu bénéficier de prix avantageux au lancement.

Par contre, selon certaines études, 1 Français sur 2 doute de la capacité d’Orange Bank a assurer la gestion technique des opérations au quotidien.

Orange Bank est donc en bonne position pour prendre le leadership sur le marché français, et pourquoi pas à l’étranger. Mais le plus problématique est la perception de cette banque par le public, et donc par sa clientèle… Lorsque plus d’une personne sur deux doute d’une manière ou d’une autre de votre capacité à assurer un service correct, on est en droit de douter de la pérennité de l’activité. Difficile donc pour Orange et sa filiale de se projeter loin dans l’avenir sans passer par un gros travail sur l’image de marque. Il faudra donc du temps pour que les Français choisissent d’ouvrir un compte en même temps que de souscrire à un abonnement. Et pourquoi le salut ne viendrait-il pas d’une combinaison des deux ?

C-Zam

Il s’agit de l’autre néobanque issue d’un grand groupe, Carrefour cette fois-ci. Elle compte déjà près de 90.000 clients actifs. C’est d’ailleurs le premier compte courant activable en ligne et distribué par la grande distribution. Il est particulièrement séduisant, car il n’y a aucune condition d’accession à l’ouverture d’un compte.

Par contre, il faut souligner que

  • les retraits au distributeur sont payants
  • l’application mobile est moins performante
  • seul un virement peut alimenter le compte

Mais

  • vous bénéficiez de remises dans plusieurs enseignes partenaires de Carrefour !

Carrefour a été un leader dans la grande distribution et cherche constamment de nouvelles façons de se développer. En combinant le compte en banque avec des récompenses en achetant, l’enseigne offre à ses clients un nouvel engouement. Mais avant tout, c’est la facilité qui attire les clients. Un compte facile à ouvrir, qui ne va pas dans le rouge et qui permet de faire ses courses. C’est une combinaison gagnante sur laquelle l’enseigne française compte bien jouer à l’avenir.

carte de néobanque
La carte de banque, l’absolue nécessité pour faire ses paiements.

Axa Banque

née en 2014, cette néobanque est l’une des premières à être arrivée en France. Elle dispose d’un app mobile, Soon, très facile à utiliser. Dès le départ, il s’agissait d’une offre prévue pour les jeunes pour les attirer vers la banque-mère. Mais depuis l’arrivée de nouveaux acteurs, cette néobanque perd du terrain et n’est plus concurrentielle.

En effet, l’apparition de nouvelles entreprises, comme N26, a déstabilisé une néobanque qui avait pourtant le vent en poupe. Elle l’a d’ailleurs toujours. Preuve en est qu’AXA a créé une nouvelle application et l’a récemment lancée. Seul bémol, cette appli fait ses maladies de jeunesse et tout n’est pas rôdé.

N26

N26 est une fintech allemande lancée en 2015. 100.000 Français utilisent cette app et en Europe, ce sont 500.000 utilisateurs quotidiens. Des chiffres qui ont de quoi effrayé les banques traditionnelles. Tout cela grâce à une app innovante qui se démarque très fort de ce qui se fait actuellement. Un compte bancaire s’ouvre en moins de 8 minutes.

Par contre,

  • elle est assez chère
  • il est impossible d’encaisser des chèques ou de déposer de l’argent
  • on ne peut pas aller à découvert

Mais

  • vous avez des statistiques de dépenses
  • la possibilité de lier vos achats à des photos pour vous souvenir des dépenses
  • d’utiliser votre montre connectée

N26 est l’exemple de la société qu’on n’attendait pas. Elle est apparue sur le marché et les gens se sont tout de suite intéressée à elle. Il n’a pas fallu beaucoup de publicité ou de marketing. C’est le côté technologique, proche des jeunes et très bien pensé qui a créé un cocktail détonnant. Et surtout, elle proposait à l’époque un modèle de travail du tout gratuit où il était possible de profiter d’un compte en banque sans rien devoir payer. Le bémol est qu’offrir un service gratuit à de nombreuses personnes finit par coûter assez cher. Et c’est ainsi que sont apparus les services payants… Au final, celui qui cherchait à se distancier du modèle existant a fini par y retourner.

Revolut

Revolut est principalement axée sur les transferts d’argent à l’international. Comme le ferait Western Union, mais sans payer de frais de transaction. Aujourd’hui, on compte près de 150.000 utilisateurs réguliers pour plus d’un million de clients en Europe. C’est le leader en termes de chiffres.

Par contre, la néobanque n’a toujours pas de licence bancaire européenne et il n’y a toujours pas de moyen de paiement (en développement).

confiance
La confiance, l’argument-clé qui permet d’attirer de nouveaux clients vers les néobanques

Peut on avoir confiance dans les néobanques ?

Ceci est une question assez complexe à répondre du fait d’une trop courte expérience de ce type de service. En effet, les néobanques ne sont apparues que très récemment et il est difficile d’établir une conclusion sur base de si peu de chiffres à disposition.

Dans l’ensemble, oui on peut faire confiance dans ces nouvelles institutions pour gérer notre argent. Avec un portefeuille restreint d’activité, il ne semble pas difficile pour ces sociétés d’offrir des services corrects et de pouvoir les assurer dans la durée. Somme toute, il ne s’agit que d’un logiciel qui fait des opérations positives et négatives en permanence sur l’ensemble des comptes.

Le niveau de services est également important, puisque cela influence directement les gens à ouvrir, ou non, un compte. Quels services ? Celui du paiement et de la tenue d’un compte sans frais.

Oui mais…

Les néobanques se heurtent à la problématique de la licence bancaire. Comme nous avons pu le dire dans les paragraphes précédents, certaines entreprises n’ont toujours pas reçu de licence et opère dans une zone de flou. Sans être tout à fait illégales, elles opèrent des services sans protection de la part de l’Union européenne. Et pour le client, c’est un fait dangereux. Du jour au lendemain, il peut tout perdre et aucune garantie bancaire ne pourra s’appliquer parce que la société où reposaient les fonds n’avait pas de garantie. Par le passé, on a pu voir ce que cela donnait sur des marchés beaucoup plus volatiles, comme les cryptomonnaies. Du jour au lendemain, la plus grosse bourse d’échange de cryptos a fermé, laissant sur le carreau des milliers de clients, incapables de récupérer leurs fonds. Pourtant, la société et le site internet avait la confiance du public et étaient considérés comme une référence du milieu.

crypto bitcoin
Opérer sans licence bancaire peut se révéler dangereux, comme ce fut le cas de MtGox pour les cryptos

Peut-on vivre uniquement avec un compte dans une néobanque ?

Dans l’absolu, oui c’est possible. Dans la réalité, ça l’est beaucoup moins… En effet, si on peut se satisfaire d’un compte en banque courant et d’une carte bancaire pour faire ses paiements, il y a bien un moment où cela ne sera plus suffisant… Il suffit de réfléchir quelques secondes pour se rendre compte combien une carte de crédit avec une ligne de crédit est importante. Ou tout simplement la possibilité de faire un crédit (à la consommation ou hypothécaire) pour pouvoir financer ses achats / l’achat de sa maison. Ou encore la possibilité de placer son épargne dans un produit d’investissement. Ne serait-ce qu’un compte épargne avec un rendement minimum, comme le livret bleu ou le livret A.

Tout cela n’existe pas dans les néobanques. Ce qui vous empêche de penser sereinement l’avenir ou de vous projeter dans des projets plus ambitieux.

De fait, il faut alors se tourner vers une banque traditionnelle qui possède ces produits dans sa gamme. Certes, on arguera que c’est plus cher car il y a des frais de maintien de compte, une carte payante, ou autre. Mais l’un dans l’autre, si vous souscrivez à des options payantes dans une néobanque, vous vous rapprocherez d’un tarif identique, voire le dépasserez. Comme c’est actuellement le cas pour les détenteurs d’un compte auprès de N26.

Le choix est donc à faire avec discernement, tout en gardant à l’esprit que les néobanques, dans leur état actuel, ne peuvent pas encore rivaliser avec les banques traditionnelles.